S’il est parfois difficile de ne pas se laisser aller à la culpabilité d’en faire trop ou pas assez pour son enfant, il est essentiel de garder en tête que la qualité du temps octroyé prime sur la quantité. Avec Wafa Abyad, psychopracticienne à l’Institut Marocain de Psychothérapie Relationnelle (IMPR), on tente de relever quelques points pour trouver un certain équilibre.
Des précautions à prendre
L’idée est répandue que plus on passe du temps avec son enfant, plus il sentira qu’il est aimé. A tord, car il n’y a rien de systématique. Une trop grande proximité pouvant créer une dépendance difficile à gérer pour l’enfant, il convient d’être attentif à trouver un juste milieu. Il est aussi important que le temps passé avec l’enfant lui soit véritablement dédié. En effet, il ne doit pas être là pour combler un vide affectif ou une période de solitude. Son fonctionnement impliquant l’expérimentation de nouvelles choses, cela lui permet de n’avoir aucun problème à se séparer de ses parents. Toutefois, dès le moment où il ressent une certaine angoisse transmise par ses parents, il commencera à émettre des réticences, voire à développer une peur systématique de la séparation, ce qui peut altérer son processus d’autonomisation.
Un moment de qualité
Etre dédié à 100% à son enfant pendant un moment choisi, sans source de dérangement, permet d’assurer une vraie qualité au moment passé ensemble. L’adoption d’une posture bienveillante et empathique y participe aussi. Cette attitude passe par :
Une écoute attentive
Il n’y a pas de communication futile ou anodine avec un enfant. C’est en effet à travers la communication, le comportement non-verbal et le feedback du parent qu’il construit son langage, sa manière d’argumenter et de rationaliser. Il est dès lors important d’être patient et d’assouvir sa curiosité en évitant notamment les «parce que c’est comme ça» à la chaîne des «pourquoi».
Pouvant s’avérer agaçantes pour les adultes, les questions de l’enfant sont un moyen non seulement de comprendre les choses, mais aussi de percevoir le point de vue de son référent tout en lui conférant une position d’autorité. Ressentant que sa curiosité est valorisée, et que le parent donne de l’importance à son expression, l’enfant renforcera son estime de soi, essentielle à son autonomie. Elle lui permettra, sans angoisse, ni peur de l’abandon, de passer du temps seul, d’apprécier ses moments de solitude et d’aller vers ses parents quand il en a besoin.
Un regard positif inconditionnel
Une présence empathique entend de se mettre au même niveau que son enfant pour comprendre son besoin de se défouler et de jouer. Opter pour un moment de libre expression et de lâcher prise pour tous les deux, tout en oubliant qu’on est adulte, assure de créer un vrai moment de complicité avec son enfant. La qualité du moment, il la ressentira aussi dans le fait que le parent lui a dédié son temps libre en l’axant entièrement vers son bien-être et qu’il a été de surcroit heureux de le faire.
Tenter de faire d’un temps de trajet à l’école, d’attente chez un médecin ou au restaurant, une belle occasion de complicité, de confession, de partage et d’écoute, mais aussi de défouloir pour l’adulte et pour l’enfant.
EN PRATIQUE…
- Après un moment de complicité, ne pas hésiter à faire comprendre à l’enfant qu’il est temps pour lui d’aller jouer seul car le parent a besoin de prendre un moment pour lui.
- Installer des moments de séparation entre l’enfant et les parents prévient des scénarios de crises comme les scènes de pleurs et de panique lors de la rentrée des classes, d’un voyage.
- En cas d’absence, expliquer les raisons du départ et en cas de voyage prolongé, annoncer la date du retour afin que l’enfant ne ressente pas, en plus de l’absence, le manque d’attention.
- Eviter de culpabiliser quant au manque de temps consacré à l’enfant car cette culpabilité se transforme rapidement en colère et en frustration, déversée par la suite vers lui.
Source: FA