Enceinte de jumeaux, une grossesse à surveiller de près

Félicitations. Vous attendez des jumeaux. Mais passés les premiers moments de surprise et de joie, vous ne manquerez pas de vous poser des questions sur le déroulement de votre grossesse, le suivi gynécologique, le développement de vos bébés et l’accouchement. Dr Wassim Rhazi Senhaji, gynécologue obstétricien, répond à toutes vos interrogations.

DEplus en plus de femmes attendent des jumeaux, voire des triplés. La raison, explique Dr. Wassim Rhazi Senhaji, gynécologue obstétricien, en est le développement des techniques de la fécondation in vitro et de la fécondation médicalement assistée. Actuellement, la fréquence de ce type de grossesse est d’environ 2%. «La grossesse gémellaire exige une surveillance accrue», assure Dr Senhaji. En effet, le risque de survenue de complication n’est pas négligeable d’où la nécessité de bien suivre les instruction de son gynécologue.

«La surveillance d’une grossesse gémellaire exige plus d’échographies», rappelle le gynécologue. En effet, un nombre important d’échographies permettra de contrôler le bon développement du bébé et d’intervenir rapidement en cas de problème. Les examens cliniques sont aussi plus nombreux et seront mensuels, puis bimensuels. Dans certains cas, ils seront même hebdomadaires. Il faut savoir que les risques encourus par la maman sont nombreux, comme l’hypertension, l’anémie, le diabète ou le risque d’une phlébite en raison d’une insuffisance veineuse plus importante et d’un alitement forcé.

La prise de poids excessive est également à craindre. C’est pour cela que Dr Senhaji conseille aux femmes enceintes de suivre une bonne hygiène alimentaire, de prendre trois repas quotidiens et des collations, d’éviter les repas trop riches ou trop gras, de boire suffisamment d’eau dans la journée. Prendre le temps de se reposer et de ne pas trop se fatiguer est aussi essentiel pour mener à bon terme sa grossesse.

Grossesse bichoriale et grossesse monochoriale

Le suivi de la grossesse gémellaire sera encore plus accentué si les jumeaux sont dans le même sac. On parle alors, explique le gynécologue, de grossesse monochoriale monoamniotique. Quand les bébés se développent dans deux poches différentes et deux placentas, on parle alors de grossesse bichoriale biamniotique. Et c’est le premier cas de figure qui exige une grande surveillance du fait du syndrome transfuseur-transfusé. «Quand les jumeaux partagent le même placenta, il y a une communication entre leurs circulations sanguines, un des jumeaux reçoit parfois plus de sang que l’autre, entraînement des retards de croissance, une hypotrophie…», explique Dr Senhaji. Ce type de grossesse peut aussi connaître des complications graves. «Selon la gravité du syndrome transfuseur-transfusé, le médecin peut pratiquer une intervention in utero», précise Dr Senhaji.

Les risques d’un accouchement prématuré

L’autre danger qui guette la femme est la menace d’un accouchement prématuré. «Le volume utérin va être distendu jusqu’à un certain volume, et à partir de 6 mois de grossesse, il y a le risque d’accouchement prématuré. Et généralement, pour une grossesse gémellaire, les bébés naissent rarement à terme», rappelle Dr Senhaji. En effet, il s’est avéré que les femmes enceintes de jumeaux accouchent en moyenne un mois plus tôt (37 semaines d’aménorrhée) et 15 % d’entre elles accouchent très prématurément (avant 32 semaines d’aménorrhée). D’où la nécessité, souligne encore Dr Senhaji, d’organiser l’accueil de ces bébés dans des maternités où il y a un service pédiatrique spécialisé. A cet égard, il faut savoir que dans le cas d’un accouchement prématuré, les bébés peuvent présenter des problèmes respiratoires ou encore une immaturité du système nerveux…

Le mode d’accouchement des grossesses gémellaires peut être normal, mais tout dépend de la présentation des bébés. «Si la femme a déjà accouché par césarienne, si la présentation n’est pas céphalique et si les bébés sont hypotrophes, la césarienne sera préconisée», rappelle Dr Senhaji.

«La grossesse gémellaire exige une surveillance accrue»

Entretien avec Docteur Wassim Senhaji Rhazi, gynécologue obstétricien

Y-a-t-il des risques particuliers propres à la grossesse gémellaire ?

La grossesse gémellaire est par définition une grossesse à plus grand risque qu’une grossesse unique car l’utérus est normalement fait pour accueillir un seul fœtus. Parmi les risques, il y a une plus grande menace d’accouchement prématuré, de survenue du syndrome transfuseur-transfusé, de risque élevé d’hypertension…

La grossesse gémellaire exige-t-elle une plus grande surveillance ?

Oui, si pour la grossesse unique, une visite mensuelle est préconisée, dans le cas d’une grossesse gémellaire, cette surveillance est plus rapprochée, surtout au cours du deuxième trimestre avec des consultations gynécologiques toutes les deux ou trois semaines. Cela permet de gérer immédiatement les éventuelles complications et de les prendre en charge rapidement avant que cela ne s’aggrave.

Vous avez parlé du syndrome transfuseur transfusé. De quoi s’agit-il ?

Dans le cas d’une grossesse monochoriale monoamniotique, c’est-à-dire lorsque les jumeaux partagent le même placenta, il y a communication entre leurs circulations sanguines. Un des jumeaux, le transfusé, reçoit parfois plus de sang que l’autre, le transfuseur. Ce dernier risque alors de présenter une hypertrophie. L’intervention in utéro permettra de réparer cela, afin que les deux fœtus puissent se développer normalement.

Quelle alimentation pour ce type de grossesse ? Faut-il manger pour trois ?

Surtout pas. Que ce soit pour une grossesse unique ou gémellaire, l’alimentation de la femme doit être équilibrée, bien choisie, pas trop de gras ou de sucre, éviter les sodas, pas de fruits trop sucrés, avec trois repas, éventuellement des collations. Une hygiène alimentaire est le meilleur garant d’un suivi de grossesse simple, de moindre complication et d’un accouchement simple. Il faut aussi beaucoup boire, environ deux litres d’eau par jour.
Cela permet de bien hydrater sa peau, de réduire les risques de vergetures et de préserver l’élasticité de la peau pour un retour du ventre à la normale après l’accouchement.

 

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