Enfants et Ramadan : trouver l’équilibre entre le rythme des parents et celui des enfants

Dès le premier jour du Ramadan, le rythme du quotidien est totalement chamboulé. Du ftour au s’hour, en passant par al ichaa, la nuit offre une multitude de savoureux moments de convivialité. Du lever au coucher du soleil, les adultes s’abstiennent de manger alors, naturellement, la cuisine en particulier et la maison en général tournent au ralenti. Mais les enfants dans tout ça? Nous avons demandé à quelques mamans comment elles géraient le quotidien du Ramadan.

Le premier jour de Ramadan est toujours une fête. Au fur et à mesure que l’après-midi avance, la cuisine s’active : commencer la préparation de la fameuse harira, rouler une multitude de briouates, acheter les viennoiseries, presser les oranges pour le jus, ne pas oublier les œufs, les dattes, le pain frais,… et accueillir parents et grands-parents pour célébrer ensemble l’arrivée du mois sacré de Ramadan. puis vient l’heure du café, ensuite le dîner. on se quitte tard, l’esprit encore à la fête. on dort un peu, on se lève pour quelques fruits, un yaourt et une dernière boisson. on se rendort mais… le réveil est brutal car au petit matin, il faut préparer les enfants pour l’école et leur donner le petit-déjeuner puisque nos bouts de chou n’ont, théoriquement, pas à changer d’horaire de lever et de repas. Eh oui, même si nous jeûnons, nos enfants devraient eux trouver une appétissante table de petit-déjeuner et un déjeuner équilibré (avec fruits et légumes à midi). pas du tout évident, surtout lorsque l’on avance dans le mois et que les retards de sommeil s’accumulent. on aimerait tellement dormir un peu plus tard et puis, la grande tendance est de réchauffer les restes de la veille comme déjeuner, plus ou moins équilibré.

Le lever : dur dur pour tout le monde

«Pour mon mari, Ramadan est synonyme de jeu de cartes entre amis» soupire nadia. «Le mois s’ égrène d’une maison à une autre, d’une soirée à une autre. J’adorais tant que je n’avais pas mes enfants. Je vois désormais l’ heure avancer avec angoisse. Rentrer tous les soirs à 2h du matin et me réveiller à 6h30 pour m’assurer que Meryem et son frère Mehdi ont tout ce qu’ il faut, ce n’est pas évident». «Nous avons une femme de ménage mais je comprends qu’elle soit exténuée, elle-aussi, je ne peux pas lui demander de nous servir tard et de se réveiller pour préparer Oumaima à partir à l’ école», note hanane qui se rappelle encore du jour où le SMS de l’école, lui informant que sa fille n’était pas en classe, a servi de réveil à toute la maison. Même son de cloche pour Mounia, la seule solution qu’elle a trouvée : arriver à un compromis avec son mari, celui de la règle des deux tiers. «Nous avons instauré un planning par semaine, je prends en charge 4 matins sur 6, lui gère les 2 autres, après tout, ma fille, je ne l’ai pas faite toute seule! Le dimanche matin, ma puce de 7 ans sait qu’elle est un peu livrée à elle-même mais en même temps, elle apprécie cet espace d’autonomie.» Et si, pour les mamans, le réveil est difficile, il l’est aussi pour les enfants. Quand les grands-parents et les cousins sont à la maison pour la soirée, les heures du coucher ont beau être strictes… on a tendance à faire des petits écarts, qui entraînent fatalement des retards de sommeil et qui se répercutent tout aussi naturellement le lendemain. Tous les enseignants sont unanimes : le Ramadan n’est absolument pas le mois de la concentration scolaire!

Des repas préparés à la hâte

dans de telles conditions, oubliez le jus d’orange frais pressé aux aurores. Il se transforme en jus de la veille ou en jus… industriel. pas de baguette du jour bien sûr, vive le pain grillé ou les céréales. Mais le repas le plus problématique reste sans conteste le déjeuner. Les premiers jours de Ramadan, on résiste et on prépare un repas équilibré avec légumes frais mais au fil du mois, cela devient plus dur. Combien d’entre-nous n’ont pas opté pour les miraculeuses saucisses de poulet ou un plat«kefta-matecha» cuit en express! Si la plupart des écoles ont naturellement instauré l’horaire continu, certains établissements ont mis en place une cantine en bonne et due forme, d’autres invitent les parents à pourvoir au déjeuner de leur enfant. une deuxième solution sans doute moins onéreuse pour les familles mais qui ont quelques désavantages : les enfants sont invités à manger les restes de la veille ou bien un sempiternel sandwich, avec un lot de sucreries, histoire de faire passer un repas pas très appétissant. A moins que les familles fassent du zêle. «J’ai été choquée quand j’ai vu de mes propres yeux des chauffeurs apporter le happy-meal du McDo à leur petit seigneur et maître.» se rappelle Loubna en rigolant «Ma fille m’en avait parlé mais il a fallu que je le vois pour le croire». Mina s’est remise sur le droit chemin le jour où sa fille de 12 ans est revenue de l’école sans avoir touché à son déjeuner en lui proposant de «goûter à ce festin». «Depuis, je suis disciplinée. Je lui prépare un déjeuner avec protéines et légumes en même temps que le ftour (avec mon mari, nous n’avons pas l’habitude de prendre un repas complet ensuite). Plus de stress le soir ou le matin, son déjeuner est dans la boîte lorsqu’elle part le matin.»

 

Des règles à expliquer

Quel parent n’a pas entendu son enfant lui asséner un «aujourd’hui, je jeûne» pour ne pas prendre de petit-déjeuner ou de déjeuner? un grand classique mais qui vire un peu au grand n’importe quoi lorsque son ou sa chérie craque, deux heures plus tard, pour une sucrerie. une question qu’a géré avec tact Alia. «Au début, je ne savais pas comment répondre à mon fils Mounir qui a 10 ans. J’ai opté pour la gestion type Super nanny. Je lui ai d’abord rappelé ce que dit le coran à propos du jeûne : ses règles strictes ainsi que les exceptions, tout aussi strictes, car il n’est pas question de mettre sa santé en danger. Ensuite, je lui ai proposé de vraiment jeûner le week-end. Il a réussi et nous avons fêté cela comme une étape importante dans sa vie. Il en a été très fier. Son père et moi sommes croyants et c’était important à la fois d’expliquer les significations profondes du jeûne et de préserver la santé de Mounir. Depuis, nous vivons un vrai Ramadan en famille avec un rythme des parents ainsi qu’un rythme adapté à Mounir.»

 

Source: FA

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