Reconnue par les spécialistes et classée comme une addiction comportementale, la dépendance affective peut au fil du temps gâcher la qualité de notre relation. Pour y voir plus clair sur ce phénomène complexe, on est parti à la rencontre du docteur Imane Kendili, psychiatre, sexologue, et de Zineb Belkhayat, psychologue, sexologue.
La dépendance affective, c’est quoi au juste ?
Suivant le même mécanisme qu’une addiction avec substance, la dépendance affective se définit comme une organisation psychique conduisant à placer l’autre comme source de dépendance. Les conséquences sont, elles aussi, comparables et se traduisent par une perte d’objectivité et une renonciation de soi en vue d’un investissement exclusif vis-à-vis de l’objet de dépendance.
Prenant son origine durant l’enfance (besoins affectifs importants, comblés ou non), l’enfant devenu adulte, en corrélation avec le manque à combler, deviendra autonome ou dépendant affectif à plus ou moins haut degré.
L’harmonie en péril
Force est de constater que, malheureusement, la personne dépendante affective vit rarement des relations amoureuses harmonieuses. En effet, ayant tendance à suivre le même pattern, c’est-à-dire à reproduire inconsciemment une relation insatisfaisante de son enfance, mais en essayant cette fois que ses besoins soient reconnus et comblés, elle arrive immanquablement à vivre des relations douloureuses. Plus encore, on constate que malgré la souffrance ou la frustration ressentie dans sa relation par le fait que ses besoins affectifs ne sont pas comblés), cette personne peut éprouver de la difficulté à se détacher de son partenaire et à rompre.
Une tendance à la dépendance?
Il est à noter qu’en cas de dépendance, il peut être très difficile de s’autonomiser durablement et en profondeur sans l’aide d’un professionnel. Soulignons toutefois que la prise de conscience de ses zones de vulnérabilité ouvre la réflexion sur ce qu’elle peut commencer à modifier dans son comportement. Afin de mesurer le travail accompli et rebooster sa motivation, il est indiqué de tenir un journal de bord pour y noter ses actions (petites ou grandes).
LES SIGNES D’UNE DÉPENDANCE VERSUS LES PISTES À EXPLORER POUR LES CONTRER
- Avoir du mal à prendre des décisions sans conseil ni validation de l’autre. / Ne pas hésiter à les prendre indépendamment.
- Compter sur l’autre pour assumer d’importantes responsabilités (revenus, administration, foyer,…). / Se donner un temps de réflexion et le formuler à l’autre avant de s’engager à accorder son temps, son aide, son argent…
- Craindre et éviter tout désaccord avec son interlocuteur (peur des conflits, d’être rejeté, exclu). / Ne pas donner de marques d’affection dans le but d’en recevoir mais attendre de ressentir les choses pour les exprimer.
- Avoir du mal à faire les choses par soi-même. / Lister ce que l’on a accompli dans sa vie sans l’aide de personne (même minime).
- Se sentir angoissé quand on est seul ou à la pensée de l’être. / Se concocter des journées «100% perso» sans rendre de comptes.
- Se rendre spontanément responsable de ce qui ne va pas. / Éviter les tournures «Tu m’aimes?», «Tu penses à quoi?», exprimant davantage la dépendance et la fragilité que l’amour.
- Se sentir obligé de satisfaire les demandes et besoins d’autrui. / Ne pas devancer les désirs de l’autre; une fois formulés, se demander si l’on a vraiment envie de les satisfaire.
- Nécessité d’obtenir l’approbation et le réconfort d’autres. / Ne pas attendre que les autres aient donné leur avis pour livrer sincèrement le sien.
- Être incapable de poser ses propres limites. / Prendre le temps de se féliciter et de savourer ses petites et grandes victoires sur sa dépendance.
Source: FA