L’enfer des mères célibataires

Au Maroc, 153 enfants naissent chaque jour hors mariage. 24 bébés sont abandonnés quotidiennement. Pauvres, souvent analphabètes, les mères célibataires font l’objet, dans nos sociétés, d’une condamnation morale et sociale et subissent l’exclusion familiale, sociale et économique. Un projet visant une meilleure insertion professionnelle et sociale de la mère célibataire au Maghreb vient d’être mis sur les rails.

Casablanca a accueilli, les 12 et 13 décembre un séminaire organisé à l’initiative de l’association INSAF, pour l’activation du projet «Pour une meilleure insertion sociale et professionnelle des mères célibataires au Maghreb». Ce programme, qui regroupe l’Institution nationale de solidarité avec les femmes en détresse (Insaf) du Maroc, le Réseau associatif Amen Enfance de la Tunisie, SOS femmes en détresse de l’Algérie et l’association Santé Sud de France, est soutenu par l’Union Européenne et UN WOMEN. Etalé sur 3 ans, il vise à améliorer la prise en charge des mères célibataires et leurs enfants et la mise en place de programmes pour faciliter l’insertion sociale et professionnelle de ces femmes. «Le projet maghrébin d’insertion socioprofessionnelle des mères célibataires a pour objectif de promouvoir l’accès des mères célibataires à leurs droits sociaux, juridiques et économiques par la formation et la sensibilisation, développer leur émancipation économique et sociale par une insertion socioprofessionnelle digne et stable», expliquent ses initiateurs.

Les mères célibataires font l’objet d’une condamnation morale et sociale

Le constat est douloureux. Les sociétés maghrébines continuent à occulter l’existence des mères célibataires. Dès leur grossesse, ces jeunes femmes font l’objet d’une forte condamnation morale et sociale et subissent l’exclusion familiale, sociale et économique. En fait, la situation est presque similaire dans tous les pays du Maghreb où la mère célibataire est stigmatisée et mise à l’écart. Et face aux oppressions familiales et sociales, beaucoup d’entre elles choisissent d’abandonner leurs enfants ou de commettre des infanticides. «Dans les sociétés maghrébines, les mères célibataires et leurs enfants souffrent d’une forte et persistante condamnation sociale fondée sur un système de croyances et de valeurs», soulignent les organisateurs de l’événement.

C’est pour changer la donne, préserver les droits des mères célibataires et de leur enfant que le séminaire de Casablanca a été organisé et la plateforme d’échange entre les associations et institutions algériennes, tunisiennes et marocaines lancée. L’objectif étant de « mieux capitaliser ces acquis et expériences et amorcer la réflexion sur un dispositif adapté et commun de prévention de l’abandon des enfants nés hors mariage et de préservation de la dignité et des droits des mères célibataires et leurs enfants au Maghreb».

L’étude d’Insaf sur les mères célibataires

Selon une enquête réalisée en 2010 par l’association Insaf sur la situation des mères célibataires dans six régions du pays (Tanger- Tétouan, Meknès Tafilalet, Souss-Massa Draâ, Chaouia Ouardigha, Chrarda-Beni Hsein et Oued Eddahab Lagouira), intitulée «Le Maroc des mères célibataires, étude diagnostique de la situation», le nombre des mères célibataires a légèrement baissé. L’étude qui s’est intéressée à la période 2003-2009, s’est basée sur un échantillon de 272 168 naissances réalisées en milieu hospitalier. L’effectif des mères célibataires est passé de 31 343 en 2003 à 27 200 en 2009. 61% d’entre elles ont moins de 26 ans. 32% sont âgées de 15 à 20 ans, et 20% se trouvent dans la fourchette des 21-25 ans. L’ampleur est plus notoire à Casablanca où 21 135 mères céliba- taires ont eu au moins un enfant entre 2003 et 2010, «soit quatre fois plus que dans la période 1996-2002. Il aura représenté 10% de la population totale des “mères célibataires” à l’échelle nationale», souligne l’enquête. Concernant les enfants abandonnés, il s’avère qu’en 2009, «8 760 enfants ont été abandonnés au Maroc, soit 24 enfants tous les jours. 38% d’entre eux l’ont été de manière illégale, soit 3329 enfants».

 

Source: FA

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