Situation très fréquente, le refus de manger chez l’enfant engendre toutefois pas mal de stress et peut constituer, à force, une perturbation relationnelle parents-enfants. Pour apprendre à réagir au mieux, on a fait appel à l’expertise du docteur Meriem Elaji, médecin généraliste et encadrante au sein de groupes d’échanges autour de l’alimentation et de l’allaitement.
L’apprentissage du goût
Si, à la naissance, bébé possède des capacités gustatives d’une grande finesse, il découvrira, au fil des mois, les saveurs et, dès l’âge de 2 ans, peut devenir plus sélectif et vouloir éviter toute nouvelle expérience. Processus à long terme, le développement du goût est inf luencé par plusieurs facteurs comme l’hérédité, l’alimentation de la mère durant sa grossesse et l’allaitement mais aussi et surtout par l’environnement dans lequel l’enfant évolue. Il est donc essentiel de partir sur de bonnes bases et ce, dès le début de la diversification alimentaire (introduction progressive des aliments).
Des moments clés
Etape de découverte, la diversification alimentaire peut bien vite se transformer en un moment de stress et de frustrations. Pas de panique toutefois, bébé peut ne pas être prêt. En effet, si la quasi-totalité des enfants le sont vers 6 mois, une minorité le sera plus tardivement, à 10 mois parfois. Il convient de respecter le développement de son bébé et d’apprendre à l’observer. Plus encore, s’il refuse d’entamer cette phase de diversification en rejetant ses purées et compotes (rejet des textures lisses), une alternative consiste à introduire dès le départ des morceaux en le laissant explorer en toute autonomie les différents aliments. Le lait demeurant au cours de cette phase la base de l’alimentation du bambin, il est inutile de se fixer sur les quantités.
Au cours de la poussée des dents ou durant les périodes d’infections, on peut également observer un refus alimentaire total ou partiel. S’étalant sur quelques jours ou semaines, il n’y a pas d’inquiétude à avoir tant que la courbe de croissance reste normale. Toutefois, si bébé manifeste une perte d’appétit indépendamment de l’un de ces cas de figures, il se peut qu’il souffre d’anémie (fréquent avant l’âge de 24 mois). Il est alors indiqué de consulter afin d’obtenir un diagnostic et un traitement adéquats. Enfin, à n’importe quel âge, des événements perturbateurs (voyage des parents, déménagement, nouvelle naissance,…) peuvent engendrer un refus de s’alimenter. Le refus constitue alors un moyen d’attirer l’attention et de manifester sa colère. L’aider à surmonter son inconfort lui permettra de retrouver son appétit.
Entre affirmation de soi et caprices
Aux alentours des 18-24 mois, l’enfant peut refuser de manger juste pour affirmer son droit à dire non. Ici encore, pas de panique, il s’agit d’une étape normale et importante de son développement. Vers 24 mois, l’enfant ayant remarqué que ses refus lui donnent un certain pouvoir, arrive le temps des caprices alimentaires. Il convient alors de ne pas céder, d’éviter le piège du chantage et de ne pas remplacer le repas. L’enfant doit en effet assumer la conséquence naturelle de son refus de manger (la faim) et ce, jusqu’au prochain repas.
La neophobie alimentaire – KESAKO ?
Entre 2 et 10 ans, trois-quarts des enfants sont effrayés par tous les aliments qu’ils ne connaissent pas ou qui sont présentés différemment à tel point qu’ils en éprouvent du dégoût et refusent catégoriquement de les manger. C’est le comportement des parents qui va éviter que cette phase transitoire ne se transforme en sélectivité.