Parents, tordez d’abord le cou à vos propres tabous

Parler avec votre ado des questions qui dérangent n’est pas toujours évident. Pourtant, aborder les sujets tabous est un passage obligé pour les aider et les accompagner. Même si beaucoup pensent encore et toujours que c’est hchouma.

MÊMEsi vos ados vous donnent l’impression de tous savoir, avis sur tout à l’appui, ils sont en fait bien souvent dans le flou, l’interrogation permanente. Voilà pourquoi il est impératif de parler avec eux des sujets qui, à leur âge, prennent une importance phénoménale. Que ce soit des réseaux sociaux et ses dérives, des images pornographiques sur internet, la prise de drogue et de façon bien plus personnelle des relations sexuelles et leurs conséquences. Rien ne doit être laissé au hasard. Même si votre ado montre une réticence, de la gêne à s’exprimer sur certains sujets, c’est à vous parent, de prendre les devants et de briser la glace. Soyez convaincus des bienfaits mais surtout de la nécessité de les informer sur les conséquences qu’ils devront assumer tôt ou tard dans leur vie de jeune adulte. La prise de conscience ne peut être que bénéfique dans leurs apprentissages et les rendre plus responsables dans leurs prises de décisions.

Toutes les questions auxquelles les ados sont confrontés sont reléguées au fond d’un tiroir fermé à double tour

Et pour cela, rien ne sert d’attendre. Amal Hihi, coach certifiée, encourage à parler de ces questions délicates sans tarder. «L’entrée au collège est une étape importante qui marque un tournant dans la vie scolaire, à cet âge les plus jeunes fréquentent ceux qui sont sur le point d’intégrer le lycée ou parfois même les lycéens, donc la tentation existe, la volonté de faire comme certains grands pour être intégrés ou souligner sa rébellion est forte. D’où l’intelligence d’en parler très tôt vers 10-12 ans, d’expliquer le fléau et les conséquences, de rester proche de son ado en ayant un regard sur ses fréquentations ainsi que son comportement pour anticiper tout dérapage. (…) Etant donné l’émancipation des jeunes filles, le risque est aussi important chez les garçons que chez les jeunes filles. Mais on ne peut en aucun cas généraliser, l’approche et le discours dépendront de plusieurs facteurs d’abord socioculturels, du contexte familial et de la nature de la relation avec son ado. Une chose est sûre, c’est aux parents de s’adapter et d’adapter leur discours en fonction de la réceptivité et des critères de sensibilité de l’ado, mais d’une manière générale plus le discours est simple et clair, mieux c’est pour la génération Y. »
Et pour que l’enfant capte bien ce que vous lui dites, il est tout aussi important que vous, parent, soyez à l’aise avec les sujets que vous abordez. En effet, les tabous ne sont pas uniquement l’affaire des plus jeunes. En fait au Maroc, les tabous ont la dent dure surtout chez les adultes, toutes générations confondues.

Le sexe, le tabou suprême

Si les questions sur la drogue, le suicide gênent plus qu’autre chose, les sujets relatifs au sexe arrivent en tête des tabous. Tout ce qui touche aux rapports sexuels, à l’homosexualité, à la prévention, aux Mst, à la contraception, à l’avortement. Toutes ces questions auxquelles les ados peuvent être confrontés de plus en plus tôt, sont encore pour beaucoup de familles reléguées au fond d’un tiroir fermé à double tour. Et l’on pense à tort que si on n’en parle pas, ces choses honteuses n’arriveront pas. Comme si le fait de sensibiliser nos jeunes, de les informer serait une façon de les encourager au péché. Des idées reçues qui n’ont plus leur place dans une société où nos enfants sont surexposés à l’information et à la désinformation. Et si certains parents ont encore des doutes, sensibiliser les garçons sur les questions de contraception et de grossesse non désirée est tout aussi important. Faire de nos jeunes, garçons et filles, de futurs adultes responsables en toute situation est une des missions primordiales. Et pour la réussir au mieux, la prise de conscience doit opérer en premier lieu dans la tête de papa et de maman. Il est donc nécessaire de travailler d’abord sur soi, sur les représentations que l’on se fait sur tel ou tel sujet et sur ses propres expériences. Ce travail sur soi devrait permettre d’élargir le champ de vision des uns et des autres. Et de rendre bien des services.

«Oser parler de tout avec son ado, avec des mots simples est la meilleure façon d’anticiper les risques sexuels»

Entretien avec Amal Hihi, Coach certifiée, DG Shine consulting

Pourquoi nos ados semblent vouloir esquiver les questions dites tabous avec leurs parents ?

A l’âge de l’adolescence, nos enfants rentrent dans une phase de transformation profonde durant laquelle ils ont besoin de s’affirmer et de se détacher des parents. Ils sont à la recherche de leur identité et à la découverte de leurs nouveaux désirs. Les parents sont perçus comme un frein à cette découverte. En voulant vivre leur propre expérience, ils vont esquiver les questions dites tabou, d’autant plus que l’accessibilité à l’information n’a jamais été aussi facilité grâce à tous les moyens modernes de communication (internet, réseaux sociaux, médias …) mais l’interprétation peut être dangereuse car l’enfant n’a pas assez de recul pour faire la part des choses. La responsabilité des parents est de ne pas déléguer l’éducation des enfants à internet, mais de filtrer et expliquer l’information en fonction de l’âge de l’ado.

Si le dialogue n’est pas facile, doit-on insister ou bien doit-on faire appel à un tiers (psy, médiateur, membre de la famille) ?

Si le dialogue n’est pas facile, il faut persévérer, privilégier le face à face en se synchronisant avec son ado (choix du bon moment, de la posture, des mots et du ton de la voix), sinon communiquer avec eux en utilisant leurs moyens de communication (watsup , mail …) au moins vous êtes sûrs qu’ils vont prendre connaissance de ce que vous avez à leur dire et de ne pas rompre la communication si importante dans cette phase.
L’adolescent a besoin de mettre des mots sur ses craintes, ses perceptions et ses croyances pour avancer. Dans les cas de résistance forte, une tierce personne peut jouer le rôle de médiateur en apportant un regard objectif externe et surtout en créant une relation de confiance avec l’adolescent pour l’accompagner dans son introspection et dans son évolution pour renouer avec les parents entre autres.

Comment aborder la question de la sexualité, de la prévention des Mst, de la contraception ?

En tant que parent, il y a aussi des croyances et des freins à lever, dépasser ses propres injonctions («je suis le parent et donc par respect, je n’aborde pas de sujet tabou, ça risque de briser la ligne rouge que je veux mettre entre mon ado et moi même») ou bien «j’ai du mal à trouver les mots pour en parler et je vais tourner autour du pot»).
Oser parler de tout avec son ado, expliquer clairement la sexualité, la contraception, etc., avec des mots simples est la meilleure façon d’anticiper les risques sexuels.

Les drogues, surtout celles dites douces, touchent de plus en plus tôt nos jeunes ? Comment les amener à une prise de conscience ?

La prise de conscience se fait à travers de la sensibilisation sur les conséquences néfastes de ces drogues sur son évolution et sur l’atteinte de ses objectifs. Parler sans tabou de l’addiction aux drogues et surtout travailler sur la confiance en soi de son ado qui va lui permettre d’assumer sa prise de position contre les drogues et de ne pas se laisser influencer par certaines fréquentations ou des tentations.

 

Source: FA

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