Thérapie de couple : Quand et comment…

En situation d’impasse, la thérapie de couple est-elle une solution pour régler ses problèmes? Voici une question qui revient souvent. Abou Bakr Harakat, psychothérapeute et sexologue, nous éclaire sur le sujet…

Arrivé au point où le couple souffre d’un malaise continu ou quand la communication devient minée de contradictions et que chacun est à l’affût des comportements négatifs de l’autre, la seule échappatoire devient la séparation. Cependant, lorsque l’amour subsiste encore, la séparation n’est pas non plus envisageable. Alors que faire? Comment rallumer cette flamme qui s’éteint à coups de disputes et de scènes de ménages? Et bien, rassurez-vous, nous vous apportons la solution. Elle est toute simple : «Faites-vous aider». Il existe, en effet, des thérapeutes de couple dont la mission est de déstabiliser les forces en jeu et d’installer un nouvel équilibre fondé sur de nouvelles règles. On sait ce que vous vous dites : «c’est de la dope», «je ne suis fou, je n’ irai donc pas chez un psy», «en quoi un étranger peut-il me venir en aide?». Mais ne précipitez pas les choses, commencez par lire ce qui suit!

 

Thérapie de couple : Comment ça fonctionne?

Lors d’une situation d’impasse pour le couple, lorsque chacun craint de se livrer à l’autre pour ne pas lui donner de nouvelles armes, l’échange constructif devient un lointain souvenir. Il s’agit alors de confronter les rancœurs, les demandes et les attentes de chacun loin de toute considération de rapports de force. Voilà ce que la thérapie de couple permet aux conjoints. C’est ainsi que certains professionnels commencent, entre autres, par faire écrire à chaque participant sa définition du couple ou encore ce qu’il attend de son couple. Ensuite, le thérapeute confronte les deux versions pour relever avec les deux conjoints les points de discordance. D’autres utilisent les jeux de rôle, en proposant aux conjoints de rejouer devant lui une ancienne dispute. Ils revivent la même scène, en échangeant les places. Face à eux, en position d’arbitre, le thérapeute. Ainsi, au fur et à mesure des séances, les non-dits sortent au grand jour sous les directives professionnelles du thérapeute. Quelle que soit la méthode adoptée pour la thérapie, l’objectif reste le même : «Instaurer une communication saine et constructive au sein du couple».

Communiquer, oui mais comment?

La communication au sein du couple doit impérativement passer par un échange réciproque et respectueux. Les mots sont importants et les regards et les gestes ne suffisent pas. Il faut que chacune des deux parties puisse exprimer ses pensées et ses émotions et qu’elle soit convaincue qu’elle sera écoutée de manière bienveillante. Ainsi, à travers une bonne communication, les conjoints sauront qu’ils bénéficient dans leur foyer d’une écoute au-delà des jugements et des préjugés et auront le sentiment d’être compris et respectés dans ce qu’ils sont.

En ce sens, il existe plusieurs niveaux de communication qui vont du simple échange superficiel d’informations à un partage plus intime de sentiments profonds, de ce qui fait nos plus grandes joies ou nos blessures les plus profondes. Et c’est ce niveau là qui reste le plus complexe à atteindre car il nous place systématiquement dans un état de fragilité vis-à-vis de l’autre. C’est une situation anormale pour l’être humain qui a tendance à toujours vouloir se protéger derrière une carapace.
Or dans un couple, on est amené à retirer cette carapace pour confier à l’autre notre intimité avec le risque ou la crainte qu’il s’en serve à mauvais escient.

C’est un exercice qui peut s’avérer difficile, surtout lorsque l’on a déjà eu droit à une mauvaise expérience en ce sens. Mais c’est un effort essentiel à l’équilibre et à la confiance au sein du couple d’où l’importance d’une thérapie de couple.

«La volonté est la clef de la réussite de la thérapie»

Entretien avec Abou Bakr Harakat, sexologue et thérapeute

Une thérapie de couple, c’est quoi?

La thérapie de couple se passe sur un ring, sans gants de boxe. En plus, c’est de la boxe thaïlandaise où tous les coups sont permis. (Rires). Non plus sérieusement, Une thérapie de couple commence par un besoin. Qu’il soit manifesté par un conjoint ou par les deux d’un commun accord, ce besoin impose la thérapie de lui même.
C’est comme ça qu’il m’arrive des fois de voir arriver un premier parti qui vient m’exposer la problématique de son couple avant d’arriver à convaincre son conjoint ou sa conjointe de le rejoindre. Et c’est ça le couple, l’un peut prendre du retard sur le train de l’autre mais finalement le rejoindre à la prochaine station. Tout comme l’un des deux peut arriver chez moi à reculant avant de se convaincre
par la suite de l’opportunité qui s’offre à lui et de l’importance de la thérapie pour la durabilité de son couple.

Quand est ce que le couple manifeste ce besoin de recourir à un thérapeute?

Généralement, un couple recourt à un thérapeute quand les deux parties se rendent compte qu’ils n’arrivent pas à résoudre leurs problème et que même avec l’intervention d’une tierce personne parmi leurs amis ou de leur famille, ils ne s’en sortent pas. A ce moment là, ils décident de recourir à un spécialiste. Des fois, cela se fait suite au conseil d’un proche, par le billet d’une lecture (article, magazine, annonce …) ou encore à travers la télévision (émission, film
ou autres). Le déclic arrive à un moment ou un autre, soit par une prise de conscience spontanée, soit par une influence extérieure.

Que dites-vous aux gens qui manifestent une réticence par rapport au fait de faire appel à un étranger pour résoudre leurs problèmes de couple?

Je leur dis simplement que la thérapie de couple est absolument semblable à une visite chez le médecin. Ainsi, de la même façon que face à un malaise physique nous faisons appel à une tierce personne qui est le médecin, et bien un couple qui subit un malaise et qui ne s’en sort pas doit voir un thérapeute. Surtout lorsque le couple en question a épuisé tous ses moyens de recours.

Y a t-il un moment opportun pour faire appel à un thérapeute?

C’est très relatif. J’ai reçu des personnes qui n’ont choisi de faire la démarche qu’après leur passage devant le juge de la famille. C’est à dire que j’ai eu des cas de couples divorcés qui sont venus me voir pour des thérapies de couple. Et c’est normal, si la volonté de reprendre est là, autant le faire sur de bonnes bases et dans les meilleures conditions. J’ai même reçu des couples qui ne viennent me voir que par acquis de conscience, convaincus que c’est perdu d’avance. Ils arrivent avec la tête et des fois même les pieds ailleurs.

Et les résultats sont garantis?

Rien n’est garanti dans la vie et moi je ne fais pas de miracles. Par contre, je peux vous dire que dans plusieurs cas, il m’est arrivé d’assister à des fins plutôt heureuses. Je me souviens d’un couple qui était venu me voir avec une histoire, à la limite, «tragi-comique». Et lorsque ça a repris, ça relevait réellement de la grande romance. Et c’est là que la thérapie de couple trouve vraiment tout son sens. C’est réellement une question de volonté…

 

Source: FA

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