Maladies cardiovasculaires, comment se prémunir contre un risque croissant?

Les maladies cardiovasculaires représentent, un peu partout dans le monde, la 1ère cause de mortalité. Les statistiques de l’OMS avancent le chiffre de 17,5 millions de décès par an, soit 31%, de la mortalité annuelle. Au Maroc, ce chiffre monte à près de 40%, toujours selon l’OMS. Les maladies coronariennes sont en tête de liste suivies par les AVC. Que peut-on faire pour les prévenir? Nous nous sommes tournés vers le docteur Hasnaâ Salih, cardiologue-rythmologue interventionnelle à Casablanca.

Nous le savons, nous ne sommes pas tous égaux devant les maladies cardiovasculaires. Aussi, lors d’une première consultation chez le cardiologue, celui-ci va évaluer le profil de son patient et le classer parmi les gens à risque cardiovasculaire très élevé, élevé, intermédiaire ou faible. Les principaux facteurs de risque cardiovasculaire sont le sexe masculin, l’âge (homme de plus de 55 ans, femme de plus de 65 ans), le tabac, la dyslipidémie (toutes les anomalies du bilan lipidique), une glycémie élevée, l’obésité, l’hérédité familiale de maladies cardiovasculaires et la sédentarité.

 

LES FEMMES EN PREMIÈRE LIGNE

Hommes et femmes ne sont pas égaux mais, malheureusement pas dans le sens où on le pense habituellement. Malgré le fait que le sexe masculin figure parmi les facteurs de risque des maladies cardiovasculaires, et contrairement aux idées reçues, il est avéré que les femmes sont plus touchées que les hommes. «Elles sont souvent sous-traitées, mal suivies et moins bien dépistées.» souligne docteur Hasnaâ Salih. D’abord parce que les femmes ont tendance à privilégier la vie familiale au détriment d’un traitement ou d’un suivi régulier. Il faut souligner également le changement du mode de vie des femmes dans notre société (elles sont plus nombreuses à fumer qu’autrefois, plus stressées aussi), elles sont donc moins protégées des maladies cardiovasculaires.»

 

Comment prévenir l’arrivée des événements cardiovasculaires

L’OMS estime que l’on peut réduire ¾ de la mortalité cardiovasculaire en ayant une bonne hygiène de vie. Cela signifie : pas de tabac, une activité physique dynamique régulière (au moins 30 min, 5 fois par semaine), des habitudes alimentaires saines (éviter de manger trop gras, trop salé et trop sucré), pas de surpoids, éviter le stress excessif, faire en sorte d’avoir une pression artérielle normale (d’où faire attention au sel et traiter toute hypertension artérielle «HTA») et un métabolisme glycémique normal.

Bien traiter les maladies qui augmentent les risques

Lorsque l’on est diabétique, mieux vaut consulter un cardiologue au moins une fois par an car cette affection, du fait de sa physiopathologie, atteint aussi bien les petites que les grosses artères augmentant ainsi le risque d’infarctus, d’AVC et d’artériopathies des membres inférieurs, d’autant plus que le diabète est mal équilibré. Les hypertendus, les patients atteints de maladie rénale chronique et de certaines maladies de système sont également à risque.

 

ADAPTER SA CONTRACEPTION

Des études montrent que la contraception orale est un facteur de risque, surtout chez les femmes à risque cardiovasculaire accrue (diabétiques, hypertendues, fumeuses, ayant des antécédents de maladies cardiovasculaires). On adaptera donc la contraception. «Globalement les pilules estroprogestatives classiques sont proscrites, notamment chez les femmes tabagiques âgées de plus de 35 ans. Mieux vaut privilégier la pilule microprogestative (PMP) et les dispositifs utérins implantables.»

 

Quand faut-il consulter d’urgence

La douleur typique d’une attaque cardiaque est une douleur thoracique brutale prolongée souvent au repos au niveau de la poitrine constrictive ou en barre irradiant vers le bras gauche ou la mâchoire, avec sensation de mort imminente, sensation de malaise. Elle peut s’accompagner de sueurs, de signes digestifs à type de nausées ou vomissements. Il existe des présentations atypiques sous forme d’épigastralgies (douleurs situées au niveau de l’estomac) orientant à tort vers une pathologie digestive. Tous ces symptômes sont d’autant plus alarmants qu’ils surviennent chez un sujet à risque. Il faut être vigilant, un mauvais diagnostic risque de retarder la prise en charge qui doit se faire dans les premières heures succédant à la survenue de la douleur. Il est donc impératif de consulter en urgence à l’hôpital afin de réaliser un électrocardiogramme et poser un diagnostic précis en vue d’un geste de revascularisation rapide (coronarographie avec éventuelle angioplastie). La rapidité de la prise en charge est un facteur déterminant permettant de réduire la morbidité liée à l’infarctus du myocarde.

Un AVC se traduit par l’installation brutale d’une faiblesse musculaire d’un membre ou de la moitié du corps, des fourmillements, un déficit sensitif (hémiparésie), un déficit moteur (hémiplégie), une paralysie faciale, une difficulté à parler (dysarthrie) ou une difficulté à comprendre le discours, troubles de la vision, un étourdissement, une perte d’équilibre ou même des troubles de la conscience. Devant ces symptômes, il faut consulter immédiatement aux urgences afin de réaliser un scanner cérébral qui permettra de différencier entre un AVC ischémique (occlusion d’une artère) et un AVC hémorragique (rupture d’un vaisseau sanguin) guidant ainsi la prise en charge qui est totalement différente.

 

Que faire après une crise

Outre une bonne hygiène de vie, un suivi régulier chez un neurologue et un cardiologue est obligatoire dans le cadre d’un programme de réadaptation cardiaque et de rééducation visant à améliorer progressivement la tolérance à l’effort et l’autonomie du patient. «Le soutien psychosocial est très important. Actuellement, après un AVC, la prescription des antidépresseurs est fortement recommandée. Les répercussions sur la qualité de vie des patients aussi bien privée que professionnelle sont importantes, d’où l’ intérêt de faire appel à des psychiatres et psychologues pour une prise en charge multidisciplinaire optimale».

 

 

Source : FA

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